Châtelus-Le-Marcheix

Géographie

La commune, figurant sur la carte IGN au 1/25000 N° 2130 Ouest pour sa partie occidentale et N° 2130 Est pour sa partie orientale, s' étend sur une superficie de 4320 hectares (2ème rang du Canton de Bénévent derrière celle de Mourioux qui couvre 5250 ha).

La rivière Thaurion sépare son territoire en deux parties de surface approximativement égales dans un axe NE/SO et fait office de limite naturelle avec les communes de Saint Dizier Leyrenne et Saint Pierre Chérignat.

Le point culminant de la commune - 638 m - se situe près de Villemonteix au lieu dit Rocheguette (Puy de Roche Guette),
et l' altitude la moins élevée – 292 m – au confluent du Thaurion et du ruisseau de Ponchal qui sépare la commune du département de la Haute-Vienne. Pour sa part, le bourg est à 390 m d'altitude.

En fonction d' un relief relativement accidenté, les villages se sont établis dans les vallons et une grande part du territoire est constituée de forêts à dominante de conifères.

A vol d' oiseau, la plus grande dimension de la commune est d' environ 10 Km, du Nord-Ouest (forêt domaniale de Laléger) au
Sud-Est (bois des Linières).

Toponymie

Châtelus-le-Marcheix: Castelud vers 1080, Chastelus en 1264, Chatellux Marcheys au XIVème siècle. Le toponyme dérive du latin Castellucium = petit château, auquel  s'est joint le qualificatif de Marcheix signifiant proche de la Marche (d'après A. Tardieu - Grand Dictionnaire Historique de la Haute-Marche 1894, page 81) ou relatif à Aymerigot Marches (Le Guide de la Creuse, Gilles Rossignol, 1988).

Le Thaurion: Taurionis fluvii au Xème siècle. Deux hypothèses, du prélatin tauro = hauteur, ou du latin taurus = le taureau lui même  dérivé du gaulois tarvos, divinité zoomorphe.

Les Champs: du latin campus = la plaine et par extension terre labourable.

Histoire
Sous l' Ancien Régime, c'est à dire avant la Révolution Française, Châtelus-le-Marcheix  était inclus dans la province du Poitou qui dépendait de la généralité de Limoges et de la sénéchaussée de Montmorillon. Au plan spirituel et temporel, la paroisse était placée sous l' archiprêtré de Bénévent, il s' agissait d' une cure régulière à la nomination de l' abbé d'Ahun.

L'histoire de Châtelus  reste marquée par le Routier Aymerigot Marchès (Le Marchois). Cf denier chapitre...

En 1591, Gaspard Foucauld de Saint-Germain Beaupré, à la tête de 500 soldats protestants, pris la ville de Châtelus , qui appartint par la suite aux Seigneurs de La Chassaigne.

En 1616, Châtelus  versait à la commanderie de Paulhac une rente de 14 livres, 1 setier de blé (1 setier = environ 100 litres),
83 setiers de seigle, 47 d'avoine et 39 poules. De plus Châtelus  devait s' acquitter de 12 corvées!

Avant la Révolution, Jean-Marie d'Alesmes de Salvanet était baron de Châtelus .

Le 14 mai 1837, la petite commune de Champroy, qui comptait 170 habitants répartis dans 5 villages fut détachée pour partie à Saint-Dizier Leyrenne et pour autre partie à Châtelus . Ainsi les villages de Peyrusse, Palotas et Châtaignaud lui furent-ils attribués.

Commandant une partie de la vallée du Thaurion, ce bourg devait représenter une importance stratégique considérable. Son château, depuis longtemps détruit, devait vraisemblablement se trouver aux alentours de l' emplacement actuel  de l'église.

Démographie
                
Années           1851      1886      1962      1968       1975      1982      1990      1999
                                       Habitants          1758      1862        794        647         495        447        375        356    = 1 habitant/8 hectares

En 1886, année du plus haut point démographique en Creuse, 42 villages ou lieux-dits composent la commune, P. Valadeau (D.I.C. 1892) mentionne huit localités de plus de 50 habitants:
 Le Bourg, 33 maisons, 182 habitants                                                                     Mais aussi:
 Boissieux, 29 maisons, 129 habitants                                                                                La Barre, 2 maisons, 18 habitants
 Chauverne, 31 maisons, 126 habitants                                                                              Beaumont, 8 maisons, 46 habitants
 Montsergue, 17 maisons, 92 habitants                                                                              Les Cards, 6 maisons, 43 habitants
 Tournaud, 18 maisons, 76 habitants                                                                                  Arsouze,8 maisons, 34 habitants
 Châtaignaud, 17 maisons, 69 habitants                                                                             
  Malmouche, 17 maisons, 63 habitants                                                                              Les Champs, 2 maisons, 6 habitants
 Laleuf, 7 maisons, 50 habitants                                                                                         Lauges, 7 maisons, 33 habitants
                                                                                                                                                  ......
ainsi que plusieurs lieux-dits ne comportant qu' une seule habitation:
 Les Egaux, 8 habitants
 Les Vergnaudes, 3 habitants
 La Roche, 9 habitants
 Mournetas, 7 habitants
 Masmillier, 11 habitants
 Paletas, 10 habitants

Plusieurs villages ont de nos jours disparu:
      Le Bois de la Barre dont les vestiges subsistent dans le bois situé au sud de la Barre et à l'est d'Arsouze,
      Le Mas Richaudaud mentionné en 1534,
       Momitrot cité en  1642 et 1697 et qui se trouvait à l'est du Thaurion,
      La Rochette cité en 1701.

Présence de l' Homme

De la Préhistoire à la fin du premier millénaire

Aucun ouvrage mégalithique sur le territoire de la commune, ni aucune récolte d'outils ou d'armes lithiques, ce qui peut s'expliquer par le boisement important, n'a été découvert.

Par contre, la toponymie et divers vestiges laissent présumer d'une occupation humaine relativement dense aux époques gallo-romaine et franque.

Un autel gallo-romain, avec dédicace illisible, fait office de socle à une croix en face de l' ancien presbytère sur le chemin de l' église. Un second dans le bourg porte l' inscription:   
                                                                                     (DE)O.(ME)R/CVRIO/E.V.R..
et donc dédié à Mercure, le dieu Lug des gaulois, dieu des artisans et commerçants et protecteur des voyageurs.

Des vestiges de construction, tuiles à rebord, se remarquent près d'Arsouze, à Beaumont, à Villechabrolle et Peyrusse.

A signaler, également, un tumulus au nord de Châtelus  sur le chemin conduisant au chêne du pendu.

Du Haut-Moyen Âge à la Révolution

Chatelus-Le-Marcheix
Le château du bourg a été totalement détruit et l'on ignore son emplacement exact, sans doute situé près de l'église actuelle
qui lui servait de chapelle. En 1958, dans le nouveau cimetière (parcelle dite du Château) furent exhumés quatre sarcophages de granit estimés du XIème siècle, et orientés tête à l' est, pieds à l' ouest. Le fossoyeur municipal, M. Drouillat, déclarait à l'époque en avoir vu plus d'une quinzaine en 20 ans.

En 1934, Aubert Foucault de Saint Germain Beaupré fut seigneur de Châtelus, puis Marc Foucault en 1464 et Gibert de Jarrie en 1557. Par la suite, ce fief passe à la famille de Chassagne, Geoffroy, titre baron qui fut ambassadeur de Henry III en Allemagne et au Danemark. De son union avec Jeanne de Ganaches naquit, Jean de la Chassagne, baron, en 1672.

Villemonteix
Le château date du XVème siècle et se trouve être aujourd'hui le centre d'une exploitation agricole, il n'est pas ouvert au public.

Les possesseurs de ce fief furent Jacques de Bourges, écuyer, de 1588 à 1597, Guy Esmoing dont la famille est connue depuis le XIème siècle. Apporté en dot par Catherine Esmoing il passe à François de Pichard, chevalier, puis à Germain de Pichard en 1769 et enfin Joachim de Pichard en 1778.

Peyrusse
Le Château de Peyrusse dont il ne subsiste plus rien est fort ancien: Pépin le Bref le prit sur Waïfre, duc d'Aquitaine en 767.
En 1789, il restait une habitation, mais on pouvait encore observer des décombres très importants, restes de fortifications qui durent être très importantes. Ses seigneurs successifs sont énumérés par A. Tardieu (Grand Dictionnaire Historique de la Haute-Marche 1894, pages 164 & 165):
''Berceau de l' illustre maison de Peyrusse des Cars. Seigneurs: Aimeric de Pérusse chevalier, vicomte de Pérusse, vivait vers l'an 1000. Il épousa Yolande de Lusignan dont, Robert, chevalier, vicomte de Pérusse, marié à Jeanne d'Armagnac, dont Louis, chevalier, vicomte de Pérusse. Luce, dame de Pérusse, épousa en 1171 et 1216, Aimeric VII, vicomte de Rochechouart, leur arrière petit-fils, acquit de son neveu, Guillaume de Rochechouart, seigneur de Mortemart '' la ville" et la châtelerie de Pérusse, moyennant 5000 sols de vente, peu après 1264. Agnès de Rochechouart, fille d'Aimeric IX, épousa Pierre de Naillac, auquel elle porta 50 livres de rente sur Pérusse, dont son frère était seigneur. Jeanne de Naillac, leur petite-fille, dame de Pérusse, fut mariée à Richard de Comborn, seigneur de Treillac, mort sans enfant. Jean Brachet, époux de Marie de Vendôme, lui succéda comme étant son plus proche parent en 1391.
La terre Pérusse fut possédée, pendant plus de 200 ans, par sa postérité. François d'Aubusson, Comte de la Feuillade, est dite dame de Pérusse en 1611. Louis de Saint-Georges, écuyer, seigneur de Peyrusse, fils de François (1744); Jean du Authier possédait Peyrusse en 1776. Il est qualifié, comte de la Bruyère, capitaine de dragons au régiment de Penthièvre".

Arsouze
Le village était membre de la commanderie de Bourganeuf. En 1617, des dîmes étaient perçues sur Arsouze et Saint-Aleix,
Le Chastaing (commune de Saint-Goussaud) et Urgeaud (commune de Saint-Pierre Chérignat), ainsi que des ventes sur Montsergue, Tournoux, les Côtes, Maisonneix, le Moulin de Tournoux, Mournetas, Les Cars, Couardz (commune de Saint-Pierre Chérignat).

En 1591, Foucaud de Saint-Germain enleva le château et ses troupes le détruisirent.
La tradition orale veut qu'il fut situé au sud du village actuel (cadastre L. 321).
Les pierres des ruines ont été réemployées pour la construction des maisons du village.

Architecture sacrée

Dès 1128 sont mentionnées les '' trois églises de Chatelas ", l'une dédiée à Saint-Hilaire citée en 1449, l'autre sous le vocable de Saint-Martin citée en 1448 et enfin une troisième, dédiée à Notre Dame (1519) qui est devenue l'église paroissiale actuelle. Actuellement il ne subsiste aucune trace des deux premiers édifices.
Étaient-ils dans, ou proche du bourg, une telle proximité étant peu évidente? S'agit-il d'une confusion de lieu, le toponyme de Chatelus étant fréquent dans les anciennes provinces? Ou bien, d'un changement de vocable des chapelles prieurales d'Arsouze, de Faye-Froide, de Boissieux ou de Peyrusse?

Châtelus-le-Marcheix
L'église du bourg, entourée de son ancien cimetière, date du XIIème siècle. A l'extérieur, sur ses culots on peut remarquer des sculptures représentant des têtes humaines; au nord des têtes d'hommes, au sud des têtes de femmes.

Une vierge à l'enfant, en pierre polychrome, datant du XVIème siècle y a été dérobée il y a quelques années, et le 23 prairial an II, l'inventaire du mobilier conservé aux Archives de la Creuse faisait état d'un reliquaire ainsi décrit: '' petite boîte cerclée avec un couvercle jaspé de jaune et de rouge qui a pu servir de reliquaire aux fanatiques".

Arsouze
Ce village possédait une chapelle, détruite par les troupes protestantes vers 1569, qui était entourée d'importants bâtiments dénommés '' Les Cloîtres".

Boissieux
Il y existait un prieuré en 1158, mentionné par la suite en 1398 et 1420, puis transformé en cure en 1506, sous le vocable de Saint-Michel, et chef-lieu de paroisse.
L'église était située au centre du village (cadastre K 227) et son cimetière tout proche (cadastre K 251).
Sous sa juridiction se trouvaient Les Bruges, Chez Besse, Clamont, Faye Freide, Lauge et Villemonteix, et des rentes étaient perçues sur Bonnavaud (Commune de Montboucher).

Faye-Froide
Dénommée Fogia en 1158 (de Fagus = le hêtre) ; il ne subsiste que des bâtiments inhabités, perdus dans la forêt de Mérignat. En 1110, était mentionnée une chapelle sous le vocable de Sainte-Madeleine, annexe de Boissieux dès 1318, et qui était en ruines au XVIIIème siècle.

Peyrusse
Citée dès 1110 sous la dénomination Sancti Marcialis de Petrucia cette chapelle existe de nos jours, au centre d'une ferme.
Elle fut donnée à la fin du XIIème siècle par Pierre de Perusse à l'Abbaye de Bénévent et dépendit de Champroy jusqu'en 1837. Elle bénéficie toujours d'une autorisation de messe accordée par l'Evêque de Limoges.
On peut y remarquer des vitraux représentant Saint-Louis, et sur le devant de l'autel Saint-Pierre tenant un filet.


La petite histoire

Aymerigot Marchès
L'histoire de Chatelus reste marquée par le routier Aymerigot Marchès de sinistre renommée.

Originaire d'une famille de Saint-Léonard de Noblat en Haute-Vienne, son père naquit à Chatelus et possédait la seigneurerie.

Rançonnant et pillant sans aucune vergogne, Aymerigot se plaisait à dire:  ''Il fait si bel et bon voler en Auvergne et Limousin que meilleur ne peut faire" et s'attire en conséquence les foudres de Charles V qui lui confisqua l'intégralité de ses biens en 1378. Il se retira l'année suivante à Saint-Léonard de Noblat  pour poursuivre ses méfaits, et finit par être exécuté à Paris en 1390.

Léonce de Lavergne
Depuis 1846, Léonce de Lavergne était propriétaire à Peyrusse de 540 hectares comprenant cinq métairies. Député de la Creuse en 1871, puis sénateur en 1875, il avait écrit auparavant en 1861 une ''Economie rurale de la France"  qui comprend quelques pages sur la Creuse. En voici quelques lignes:
''Des chemins fangeux et impraticables, des toits de chaume qui se touchent et que le moindre incendie dévore d'un seul coup, des murs bas et grossiers, des chambres sans air et sans jour où s'entassent tous les lits, l'étable mêlée à l'habitation, le fumier encombrant toutes les issues; on a peine à comprendre comment des êtres peuvent vivre dans de pareils taudis".

C'est pourquoi il lègue 10 000 Frs à la commune de Châtelus  et 50 000 Frs au département de la Creuse.

Devant tant de générosité, un Comité se forme pour élever un monument au donateur; en font partie Martin Nadaud, Jean-Baptiste Dumas et Léon Say. Le buste sculpté, la municipalité de Guéret refuse qu'il soit érigé, qualifiant le donateur de réactionnaire.

C'est pourquoi le buste sera érigé, devant tant d'ingratitude, à Paris, dans les jardins de l'Institut Agronomique.

            Un grand merci à mon regretté collègue et ami Michel FIOLLE qui a réalisé la quasi-totalité
          de cette étude pendant  son temps libre dans les années 80. ( Ancien Élève de l'ENP Limoges)


Données administratives

Pays France
Région Limousin
Département Creuse
Arrondissement Arrondissement de Guéret
Canton Canton de Bénévent-l'Abbaye
Code INSEE 23056
Code postal 23430
Intercommunalité Communauté de communes de Bénévent-Grand-Bourg
Latitude 46° 00' 01" Nord Longitude 01° 36' 31" Est



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